Je l'ai vécu. Violaine: "Mon fils divorce et je culpabilise"

Publié le 04/05/2024 à 11h00 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
femme triste
Depuis que son fils lui a annoncé qu'il allait divorcer, Violaine*, 56 ans, s'inquiète sur les changements à venir et s'interroge sur sa place de grand-mère. Elle témoigne.

Cela faisait un moment que j'avais remarqué que ça n'allait pas très fort dans le couple de Clément. D'autant que Nina et Edgar, ses enfants, me disaient souvent que "papa et maman se disputaient tout le temps à la maison". Mais quand je posais la question à mon fils, il bottait systématiquement en touche, alors je n'insistais pas. Il a beau être mon seul et unique enfant, je ne me suis jamais immiscée dans sa vie. En mon for intérieur, j'essayais de me rassurer, en me disant que tous les couples traversent des hauts et des bas. Ça allait forcément passer.

Lorsque Clément m'a dit, en fin d'année dernière, que les jumeaux ne le savaient pas encore, mais que Mathilde et lui avaient pris la décision de se séparer, ça m'a, du coup, retournée. Pour avoir moi-même quitté le père de mon fils, alors que ce dernier n'avait que onze ans, je sais qu'un divorce n'est jamais sans conséquence. Il entraîne toujours des victimes collatérales, à commencer par les enfants. Quiconque est passé par là le sait. Ça a été plus fort que moi, j'ai donc culpabilisé. Je me suis dit que, si Clément était aujourd'hui malheureux en amour et quelque peu instable, ça ne pouvait être que de ma faute. Je ne lui avais pas donné, durant son enfance, un modèle de couple parental durable. Je me suis d'ailleurs souvenu que Mathilde avait dû pas mal insister pour qu'il lui passe la bague au doigt.

Clément, qui a vu mon désarroi, a essayé de me rassurer. Il m'a juré que tout se passerait en bonne intelligence. Sa femme et lui ne regardaient plus l'avenir avec les mêmes yeux (il étouffait dans ce cocon balisé à l'excès qu'était devenu son couple et, elle, n'était plus vraiment heureuse avec lui, l'amour s'était envolé de part et d'autre), mais Mathilde restait la mère de ses enfants. Il avait toujours du respect, de l'affection et de la tendresse pour elle. Et elle ressentait grosso modo la même chose pour lui, m'a-t-il dit. Ni l'un, ni l'autre n'avait envie de voir les petits souffrir. A six ans, ils avaient besoin d'un minimum de stabilité. Il avaient donc décidé de faire la transition en douceur en louant un appartement, pour y séjourner à tour de rôle, au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire. Après ils aviseraient.

"Je me suis dit qu'il fallait que je reste le ciment de la famille"

J'étais évidemment soulagée d'apprendre que les choses se dérouleraient sans fracas, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être triste. Ça me chavirait le cœur de savoir que Nina et Edgar allaient se retrouver en pleine houle et être malheureux. Et que, peut-être, à terme je les verrais moins souvent. Mathilde est originaire du Portugal et a toujours eu le mal du pays. Je craignais qu'elle ait, par la suite, envie de se rapprocher de ses parents. J'aimais bien ma belle-fille et l'idée de couper le lien avec elle, ou du moins de la voir moins souvent, me faisait aussi beaucoup de peine. Et puis je m'inquiétais également pour Clément. J'avais peur qu'il regrette plus tard d'avoir prononcé trop vite le mot "séparation".

Je n'avais jamais imaginé avoir un jour à jouer ce rôle-là, mais je me suis dit qu'il fallait que je reste le ciment de la famille. Depuis que j'ai appris cette nouvelle, je me montre donc présente et à l'écoute, aussi bien pour mon fils et ma belle-fille, que pour mes petits-enfants qui, je le vois bien, sont, malgré toutes les précautions prises par leurs parents, désorientés. Ils ont besoin de parler et d'être rassurés. Je marque ma disponibilité, pour les uns comme pour les autres, tout en restant toujours neutre. Je crois que c'est tout ce que je peux faire pour les aider.

Commentaires

  • 05/05/2024 10:02 Répondre

    Bérengère

    Bon courage Violaine. Je pense que vous avez résumé tout ce qui est possible de faire et de penser. Surtout ne vous culpabilisez pas. Ainsi va la vie. Restez présente pour tous. Amitiés.
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